Châteaux de la Ribagorce

La situation de Montañana, son tracé, ses vestiges plus anciens et la tour de la Mora témoignent de l’origine militaire de la commune qui occupait un poste avancé dans l’expansion des royaumes chrétiens. Une première tour de guet et de communication, toujours flanquée d’une chapelle, protégea l’établissement de la population alors que la frontière avec les royaumes musulmans du sud et les seigneurs chrétiens se consolidait.

Pour mieux appréhender cette période turbulente, en plus de Montañana, d’autres communes voisines qui conservent d’intéressants restes de châteaux et de fortifications peuvent aussi être visitées : Vicacamp, Luzás et Benabarre.

Viacamp

En reprenant ensuite la même route nationale, Viacamp s’étend au pied du château Via Campano, une partie de la ligne de tours de défense construites sur ordre de Ramire Iᵉʳ vers 1061, qui donna son nom à la commune. Elle faisait partie d’un système de tours de guet en hauteur qui maintenaient le contact visuel entre elles, c’est pourquoi on peut apercevoir depuis cette tour les fortifications de Chiriveta et Falls.

Ce lieu conserve des restes de rempart et l’ancienne église, bien que la pièce centrale de l’ensemble, imposante à la suite d’une rénovation soignée, soit sa tour circulaire. Pour sa construction, les tailleurs de pierres de la Ribagorce appliquèrent les techniques amenées par les maîtres lombards au palais comtal de Fantova.

Il s’agit d’un bâtiment d’une hauteur supérieure à 20 m soutenu par des murs dont la base dépasse les 2 mètres de large. Il suit la typologie traditionnelle de ces constructions défensives et son accès se situe à grande hauteur. L’intérieur se compose d’un étage de vie puis d’un étage de défense, originalement recouvert d’un toit en bois.

n remarque les toilettes à l’étage d’accès et la chapelle, construite en perçant dans le mur de l’étage de défense une petite abside orientée.

Luzás

La route HU-V 9321 permet de rejoindre une autre commune construite au pied d’une tour de défense du même réseau: Luzás.Dans ce cas, sa base est pentagonale à l’extérieur et carrée à l’intérieur, avec deux rangées d’ouvertures défensives très singulières.

Les restes montrent que l’ensemble originel comprenait une enceinte fortifiée trapézoïdale qui encerclait la tour, flanquée d’une tour semi-circulaire à chaque angle, dont seules les bases de deux tours sont aujourd’hui visibles. Le donjon mesure 25 mètres, répartis à l’intérieur sur six étages, avec accès depuis le troisième étage, auquel s’ajouterait un échafaud en bois, aujourd’hui disparu. Tout comme Viacamp, elle possède des toilettes à l’étage d’accès et une petite chapelle à l’étage de défense.

L’église San Cristóbal, qui date du XIIe siècle et combine des éléments de Jaca et lombards, selon le modèle du monastère d’Alaón, complète la tour. Il s’agit d’un temple à trois nefs auquel la tour et les chapelles du mur côté nord furent ajoutées des siècles plus tard. En ce qui concerne la décoration extérieure, on remarque le portail du mur côté sud, qui aborde une croix entourée de motifs allégoriques et d’inscriptions sur l’apocalypse.

Benabarre

Benabarre, capitale historique de la Ribagorce, s’étendit également à partir de son château, à l’origine une fortification musulmane conquise par Ramire Iᵉʳ en 1058. Le hameau se distingue ainsi par son tracé pentu et ses rues, ses porches et ses passages pittoresques.

L’aspect actuel du château reflète son histoire accidentée, étant donné que sa structure fut modifiée au début du XIVe siècle lorsque Jacques II d’Aragon restaura le comté de la Ribagorce et transforma ce lieu en un palais résidentiel. À la fin du XVIe siècle, à la suite de plusieurs conflits nobiliaires, Philippe II rattacha le comté à la Couronne et ordonna la désaffection du château, qui conserva néanmoins une utilisation militaire, c’est pourquoi on y trouve des éléments du XVIIe au XIXe siècle.

Il s’agit d’un ensemble rectangulaire composé de deux enceintes échelonnées, dont les vestiges témoignent de ses différentes époques : les murs de l’espace supérieur, d’époque romane, les restes d’une tour carrée, probablement musulmane, et, dans l’enceinte inférieure, les fondations de l’église primitive, intégrées dans un temple gothique.